J'ai toujours voulu avoir un métier
Non, c'est faux.
Quoi que.
C'est particulier.
Je t'avais déjà raconté mon envie profonde d'être maman, d'avoir le métier de mère au foyer. En dehors de ça, à part les sempiternelles rêves de gamine (je veux être docteur !), je n'ai jamais su ce que je voulais faire plus tard. Mon métier, mon emploi futur, et les études qui en découlent. J'ai virevolté entre tout un tas d'envies, différentes, parfois ressemblantes. J'ai voulu être Ecrivain (tiens, tiens), Prof de français (re-tiens), Philosophe (oui, je sais, encore un tiens), Décoratrice d'intérieur (rien à voir, tu vois hein!) et mon préféré dans le tas, celui que je fais encore toujours un peu, dans mes réflexions intérieures, Sociologue comportementaliste. Quand il m'a fallu enfin choisir, à la sortie de l'école, j'ai cru qu'on m'avait mis en haut d'une falaise. J'étais perdue, effrayée, et incapable de me prononcer sur mes choix, sur moi, sur ce que j'aime. J'étais perdue, je m'étais perdue, depuis quelques années. J'ai voulu partir en faculté lettres et philosophie, mais... "il y a bien assez d'Universités par ici, on va pas te payer un kot, non mais". Oui papa, mais bon, par ici, y a que des trucs mathématico-scientifiques. En fait, non, ce n'est pas vrai, mais toute seule, je ne voyais que ça. Plus tard, adulte, je me suis rendue compte qu'il y avait tout un tas de possibilités pour mon avenir, mais à l'époque, j'étais plutôt seule face à mon avenir. Et non, à 18 balais, on sait pas toujours ce qu'on veut faire de sa vie.
J'ai fait des études d'institutrice. Après tout, l'orthographe, c'était mon dada. Bien maigre comme départ, mais bon. Après trois années, pas loin du diplôme, je m'écroule, je n'aime pas, je déteste même, je stoppe tout brutalement. Je pars chez les bibliothécaires. J'aimais beaucoup, mais je gérais mal. Et puis un besoin de m'évader, de me sauver, un job, une 'mise en ménage', et je prends mon envol.
Je vous passe les détails (parce que là, ça fait déjà beaucoup, mais je suis bavarde et je l'assume). Toujours est-il que je suis un jour devenue secrétaire. Presque comme on dit, "j'ai vu de la lumière et je suis entrée". En vérité, j'ai passé un examen, et j'ai coupé la chique aux diplômé(e)s. Pas peu fière la gamine. Oui, quand même, l'orthographe (et les outils informatiques), c'est vraiment mon dada. Un emploi qui nous sauve, et nous sauvera tant de fois. Vous remarquez, je dis bien un emploi.
Je cherchais toujours MON métier. Mon choix, mon rôle, ma consécration personnelle dans mon univers, la place que je souhaitais occuper sur le chemin de ma vie.
J'ai mis du temps à trouver, je me connais mal, je m'accepte si mal, je me dénigre pas mal. C'est pas évident de se trouver, quand, au détour des chemins de mes pensées, je m'enfonce toute seule. C'est par un passage de gros raz-le-bol général professionnel, que j'ai enfin pris mes décisions, mes choix. Un matin, j'ai pris une feuille de papier. Un crayon. Et j'ai écrit. J'ai listé, j'ai énuméré. Ce que j'aime, ce qui me parle, ce pour quoi j'aime me battre, mes envies, mes plaisirs, mes forces aussi, mes qualités (douloureux exercice!). J'ai reposé la feuille, je l'ai lue plus tard. Et ça marche bien ce petit truc quand on est un peu perdu, pour peu qu'on sache faire l'exercice de tout lister. Car quelques jours après, ça m'a complètement sauté aux yeux :
Allaitement
maternité
respect
féminité
naissance
aider les autres
me sentir utile
le soutien
la non violence
l'écologie
les remises en question
etc.
J'ai trouvé mon chemin, il est plutôt clair non ? Restait à le transformer en métier. En me relisant, ça me sautait aux yeux, mais pourtant incapable de l'accepter. C'est un métier à controverse, ..., je ne suis pas à la hauteur de ça, ..., qui suis-je pour me croire capable de ça, ..., aurais-je les épaules assez solides, ... ?
Pfff, la ferme, moi.
Plus tard, je serai...
Et voilà !
(et puis conseillère en allaitement)
(et puis tout un tas de petites choses encore à côté)