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Ma vie selon... moi !
6 décembre 2011

Mon allaitement à moi n'a duré que le temps de

Mon allaitement à moi n'a duré que le temps de dire allaitement.

Rien n'a fonctionné comme je l'avais espéré, et l'allaitement en a fait partie. Un accouchement presque deux mois trop tôt, une journée sous le signe de l'angoisse, de la peur de mourir, avec ce mot qui plane au-dessus de nos têtes... pré-éclampsie. Il faut faire vite et à peine le temps de dire ouf que je suis couturée à jamais et toi dans une boite en plastique. Mes oreilles se souviennent encore, intact, de ton pleur et mes joues sentent encore les larmes qui coulent. Ma main se souvient aussi de celle de l'anesthésiste à qui j'ai sommé de me tenir pour ne pas me sentir seule. Il y a déjà quatre ans, et pourtant je peux encore entendre mon gynécologue siffler pendant qu'il me recoud, et crier à l'Homme depuis le couloir que le petit braille comme un putois (rien de négatif quand on le connait, c'était une façon dédramatisante de vite dire à l'Homme que le petit respire, qu'il vit, qu'il va bien).

Pendant un bon mois, j'ai tenu le coup, je me suis battue, j'ai tiré et tiré encore mon lait, je t'ai mis au sein, j'ai bouffé ces saletés de granules, je me suis fait plaisir à l'ovomaltine, je me shootais à tes doudous avec lesquels nous partagions un lien d'odeur jour après jour, j'ai savouré chaque milli-seconde sur place quand ton corps et le mien se reliaient, j'ai oublié mes peurs, ma fatigue, mes déceptions profondes, je pensais juste chaque jour à me lever pour être près de toi.

Quand tu es enfin arrivé à la maison, le monde s'est écroulé. Mais je l'ai pas regardé en face, j'ai tourné le dos, j'ai pas voulu le voir et j'ai nié la situation. Je me suis robotisée, détachée, éloignée. Un sentiment étrange et horrible à définir : étranger. Et presque tout naturellement, j'ai cessé de t'allaiter.

A ce moment-là, je ne savais pas. Je ne savais rien et personne autour de moi ne savait, personne ne m'a rien dit. Je ne savais pas qu'il aurait mieux valu t'allaiter dès que tu le voulais, je n'avais que l'information classique du nourrissage toutes les 3H, je ne savais pas que j'aurais dû refuser qu'on te donne un biberon pour compléter mes baisses de lactation, je ne savais pas le mal que ça faisait sur ta succion, je ne savais pas que le lien lacté aurait pu nous aider à nous retrouver tous les deux, à nous apprivoiser, je ne savais pas que les hormones libérées durant l'allaitement pouvaient m'aider à sortir la tête de l'eau, je ne savais pas qu'il m'aurait fallu si peu pour dépasser cette situation bête du "je n'ai pas assez de lait", je ne savais pas qu'on pouvait très bien allaiter d'un seul sein (oui y a ça aussi), je ne savais pas que je pouvais trouver du soutien en cherchant un peu. J'avais un compagnon adorable mais qui n'y connaissait rien et qui faisait surtout au mieux pour maintenant un équilibre familial très très fragile, une mère qui me disait juste que c'est déjà ça de pris et un pédiatre qui avait, chaque mois, des échantillons de LA de plus en plus chers et meilleurs que les précédents (forcément), j'étais la première de mes amis proches à avoir un enfant, une famille classique où l'allaitement ne fait pas partie plus que ça des habitudes et puis moi. Moi qui pensait tout simplement que l'allaitement c'était simple, c'était naturel, et que ça allait couler de source.

Une amie maternante, devenue proche avec la naissance de mon fils, me donnera ma première "claque" quelques temps plus tard, j'aurais pu essayer ce qu'elle appelle une lune de miel, un jour ou deux au lit, peau-à-peau, sein à volonté. Plusieurs mois plus tard, j'apprends que j'aurais pu tenter une relactation. Et petit à petit, bardée de "si j'avais su", je découvre, je m'informe et je me rends compte.

Mon allaitement à moi n'a duré que le temps de dire allaitement, mais il représente quelque chose de très fort et très important pour moi : il m'a appris à chercher les informations par moi-même et il m'a appris à diffuser autour de moi, à en parler encore et encore, quitte à passer pour une folle furieuse pro-allaitement. Et même si mes connaissances personnelles sont théoriques, elles sont là et pleines de bonne volonté. Parce que j'aurais aimé à l'époque avoir une "folle furieuse" pas très loin de moi qui me dise juste ce qu'il fallait que j'entende ce jour-là... "tu peux y arriver, voici quelques trucs, quelques données, tu peux croire en toi et en ta force de nourrir ton enfant."

Le second est en arrivage et cette force m'anime, me donne confiance en moi, parce que maintenant je sais. Toute la différence est là et que ce prochain allaitement soit le plus long possible ou qu'il se stoppe plus vite que prévu, il aura un goût bien différent, parce que je ne serai plus seule face à lui.

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